La piste, dans l’outback

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la piste

Nous sommes de retour de notre petite excursion en bateau sur la grande barrière de Corail. Nous profitons de cette belle journée pour recharger un peu nos batteries (pas seulement celles des appareils). Aujourd’hui c’est moi qui vous raconte l’étape du jour pendant que Sylvain se relaxe dans le canapé du bar lounge qui jouxte l’auberge de jeunesse. J’en profite au passage pour vous remercier en mon nom et celui de Sylvain, pour vos commentaires qui nous font vraiment très plaisir. On est contents de vous apporter un peu de soleil et de partager avec vous nos sentiments et découvertes perpétuelles ici. Ça fait plaisir de savoir qu’on est lus :):):) D’ailleurs, le concours est fini et c’est Christophe qui a gagné puisque le nombre de photos est de 1 296 (il a déjà passé la barre des 1 600 aujourd’hui). Je précise que la saturation n’a pas été retouchée, mais le polarisant a fait son travail. En tout cas merci Christophe de nous avoir épargné la photo en string dans le bush. Merci également aux autres participants, et soyez là pour le prochain quizz ;)

Allez, c’est parti pour le 3 mars.

Nous nous réveillons vers 7h30, après une nuit beaucoup plus calme que ce à quoi nous nous attendions (le mode Cancun de l’Annie’s Place n’était pas si bruyant que ça, ou plutôt notre chambre n’était pas si mal placée par rapport au resto-bar). Les deux grosses étapes de route étant derrière nous, on se dit que nous avons un peu de temps à nous aujourd’hui. On en profite donc pour sélectionner quelques photos pour le prochain article du blog. C’est une activité qui nous plait beaucoup puisqu’elle nous permet de revivre nos aventures de la veille ou de l’avant veille, et surtout de voir ce que donnent les photos en définitive (il y a tellement de soleil que les écrans LCD de nos appareils sont difficilement lisibles, on prend donc souvent les photos « en aveugle », comme dans le temps de l’argentique quoi !). Cette matinée relâche tombe également à pic car Sylvain et moi commencions justement à être à court de vêtements qui sentent bon (oui, il fait tellement chaud que si vous mettez du propre à 8h, vous avez déjà envie de vous changer à 8h05).

Nous partons donc en quête de la laverie que j’ai repéré la veille. Elle a le bon goût de ne pas être trop loin et surtout d’être dans une zone commerciale : ça veut dire que nous pourrons faire le plein sur place, mais aussi faire la mise à jour du blog, trouver des cassettes DV pour la caméra et, le plus important, manger. Apparemment nous sommes les seuls à vouloir laver nos vêtement ce matin. Sylvain met les affaires dans la machine pendant que je m’occupe de prendre de la lessive dans le distributeur automatique. J’insère une pièce dans la fente, et la lessive tombe. Un peu trop simple non ? En effet. J’ai oublié de mettre un gobelet dans la machine et la lessive est en train de se déverser directement par terre. Comme j’ai encore quelques réflexes, je mets ma main dessous pour tenter de récupérer ce que je peux pendant que j’utilise l’autre pour attraper un des gobelets qui sont au-dessus de la machine. J’ai pu sauver à peu près les deux tiers de la dose et je me dis que personne n’a rien vu. Mais on ne cache rien à Sylvain, il m’a vu faire et rit aux éclats. Tant pis.

On lance la lessive, Sylvain va faire le plein de la voiture. Je m’entraine un peu aux cartes avant de partir à la recherche d’un cyber-café. Les passants à qui je demande me font parcourir plusieurs blocs en m’assurant que j’allais en trouver un. À mon retour, je m’aperçois qu’il y en avait un juste à côté de la laverie (une injure alsacienne me traverse l’esprit).

La lessive est terminée. On se dirige donc vers le cyber-café que j’ai trouvé et on met à jour le blog. Pour une fois nous sommes efficaces. Nous faisons même un peu de zêle en allant compléter le nom de l’araignée qu’on a trouvé à Litchfield (il s’agit d’une « golden orb weaver ») dans l’article correspondant. C’était la mise à jour de trop : Internet explorer nous bouffe la moitié de l’article. Tant pis, on remettra la seconde moitié en ligne une prochaine fois (d’ailleurs, qui a remarqué que cet article n’était plus complet ?). On achète les cassettes DV, et moi deux cartes routières de l’Australie afin de pouvoir me remémorer le road trip que nous vivons. On file ensuite vers Hungry Jack’s, la version australienne de Burger King (le logo ressemble et les menus sont identiques, y compris les noms des burgers). Chouette, ils vendent la boisson en « free refill », ce qui veut dire qu’on pourra re-remplir nos gobelets en partant et donc avoir du coca frais sur la première partie de la route.

Darwin est loin derrière maintenant

Il est 12h, et nous quittons Alice Springs. Cela nous fait un peu drôle, car avoir retrouvé la civilisation était tout de même relativement confortable. À la sortie, on fait des photos de quelques panneaux, dont celui qui indique la distance nous séparant de Darwin, notre point de départ. Nous nous étions habitués aux villes indiquées sur la route et bizarrement, aucune de celles situées après Alice Springs n’en faisait partie. Maintenant que nous l’avons dépassé, ce sont donc 4-5 nouvelles villes qui sont indiquées et il est désormais difficile de dire si nous sommes toujours sur la bonne route étant donné que nous n’allons en traverser aucune. Ce n’est pas trop grave, il n’y a grossièrement qu’une route, il suffit donc rester dessus. C’est ce que nous croyons faire jusqu’à ce que Sylvain réalise qu’il a vu un panneau signalant Adélaïde à droite, quelques centaines de mètres derrière nous. Après une rapide vérification de sa part, il s’avère que nous avons réussi à nous tromper de route ! (applause) Heureusement, on s’en est rendus compte rapidement et ce petit détour n’aura pas d’incidence sur notre planning.

une mini-tornade

Au kilomètre 2313 de notre périple, nous apercevons une petite « tornade ». Il s’agit de vents tourbillonnant emmenant la poussière rouge du désert relativement haut dans le ciel. Il me semble que Claire m’avait dit que ça s’appelait « vents du diable » mais je ne me rappelle plus bien. Quelque kilomètres plus loin, nous nous arrêtons dans la ville de Stuart Well. Il s’agit une fois de plus d’une station service améliorée qui propose des chambres, une boutique, et un petit restaurant. Il s’agit d’un arrêt crucial dans notre voyage puisque nous espérons pouvoir y acheter des « flynets ». Ce sont des sortes de filets à se mettre autour de la tête pour que ces satanées mouches arrêtent de se promener sur notre visage sans arrêt. On aura l’air con, ça c’est certain, mais au moins on arrêtera de s’énerver à chaque sortie. Au moment de reprendre la route, une de ces petites tornades passe trois mètres derrière la voiture. Ce n’était pas grand chose, mais cela nous a impressionné quand même !

Nous venons de parcourir les 132 derniers kilomètres sur la stuart, la route que nous suivons depuis Darwin, quand nous devons bifurquer vers l’ouest, sur une route indiquée comme partiellement goudronnée dans les guides. Effectivement, un panneau indique que la route est en fait une piste sur 100 km avant de rejoindre une route normale. Allons-y ! La piste est jonchée de cailloux, et le volant s’agite beaucoup entre mes mains. Je n’ose pas aller à plus de 30-40 km/h, pourtant un panneau indique une limitation de vitesse bien supérieure : 110 km/h ! Ça doit être pour les 4×4… On voit beaucoup de ces fameuses petites tornades au loin. Ce qui nous paraissait exceptionnel tout à l’heure est désormais banal.

la piste

On finit par rejoindre péniblement un site de cratères météoritiques. On s’y arrête pour faire la petite marche qui permet de les regarder. À l’entrée, un panneau nous rappelle les précautions de base pour revenir sains et saufs d’une balade dans le désert : plusieurs litres d’eau par personne, des bonnes chaussures (le sol est littéralement brûlant), un chapeau, etc. Plus bas, un registre indique le nom des voyageurs qui ont empruntés ce sentier. Curieusement nous sommes déjà les troisièmes de la journée (il est 13h30 environ) alors que nous nous sentons désespérément seuls dans le coin. En un sens, c’est plutôt rassurant car on devrait trouver de l’aide rapidement si nous avons un pépin. On s’engage donc sur le sentier : nous devons ouvrir une porte car le site est grillagé afin d’empêcher les dromadaires (sauvages…!) d’y venir. On arrive rapidement au niveau des cratères. Ce sont les cratères de Henburry, dont le plus grand a un diamètre de 80 m et une profondeur de 15 m. Ils se sont formés il y a environ 20 millions d’années par la chute d’une météorite qui s’était fragmentée en trois morceaux. Tout cela est moyennement impressionnant je dois dire. On fait quelques images et on repart.

une piste plus petite qui rejoint la notre
Yohann au volant

La piste devient plus praticable, alternant des zones de cailloux avec des zones sableuses (rouges bien évidemment). J’arrive à accrocher les 80 km/h sans que ça bouge trop et Sylvain tentera un 110 km/h sur environ 2 kilomètres. L’arrière de la voiture semble glisser de gauche à droite sur le sable, procurant une sensation de conduite assez flippante à vrai dire, tout du moins au début. Mais on s’y habitue vite et on le gère plutôt bien.
le sable est bien rouge et surtout brûlant
On s’arrête beaucoup pour faire des images : cette piste est en fait le type même de route que l’on s’imaginait faire en Australie, des paysages subtils et riches à perte de vue. On traverse beaucoup de lits de rivières asséchées, et il faut d’ailleurs faire attention car notre voiture est basse sur la route et il ne faut pas les négocier trop vite. La terre, ou le sable on ne sait plus très bien, est vraiment très rouge, c’est incroyable.

Le bord de la piste
La piste

On finit par rattraper un gros nuage d’orage, sur notre gauche et ce dernier semble déverser beaucoup d’eau dans le désert. Je me demande si nous allons être embêtés par les fameux flash-floods aux endroit où on traverse les rivières. Sylvain ne semble pas trop préoccupé par ça, au contraire il aurait trouvé la situation marrante. Pour le moment la pente nous semble favorable et l’eau doit probablement ruisseler en s’éloignant de nous.
La pluie n'est pas loin
On continuera à flirter avec le bord de l’orage jusqu’à la fin de la piste : un joli ciel bleu parsemé de petits nuages blancs s’offre à nous sur notre gauche tandis que cet impressionnant orage commence se faire entendre sur la droite. C’est comme si la voiture suivait une route imaginaire tracée directement sous la limite ciel bleu/ciel orageux.

Au kilomètre 2438 (Sylvain a repris le volant depuis quelques kilomètres) notre voiture dérange un groupe d’oiseaux blanc et roses (on en a déjà vu en allant sur Litchfield) : peut-être 7 oiseaux s’envolent en groupe devant nous. Pas le temps de réagir pour photographier, c’est un de ces moments que nous surnommons « juste pour nous ». Deux kilomètres plus loin, c’est un dromadaire qui traverse la route devant nous. Tranquillement. Cette fois-ci nous avons le temps de le suivre un peu. Il nous regarde en machouillant une sorte d’herbe. Il a l’air zen. Ça doit être de la bonne.
Le dromadaire zen
À peine 300 m après, c’est un troupeau de vaches qui bloque la route. Elles semblent habituées à voir des voitures et dégagent la piste avant même que nous arrivions à leur hauteur. Nos folles rencontres s’achèvent encore 300 mètres plus loin sur un troupeau de cinq dromadaires sauvages, à gauche de la route. Quelque chose d’irréel. Mais l’orage gronde et commence à nous atteindre : la pluie tombe légèrement. On croise un buffle vers la fin de la piste.

Les mesas
Les mesas

La route qui nous conduit vers notre point de chute de la journée, Kings Canyon, est relativement monotone comparée à l’enchainement de surprises que nous a réservé la piste. Le paysage change peu à peu, des mesas commençant à apparaitre au loin. On voudrait voir le coucher de soleil depuis Kings Canyon et le temps va probablement nous manquer. La météo n’est pas engageante : de gros orages nous entourent de toute part, et la route semble zigzaguer entre eux. L’horizon Ouest est dégagé cependant. On arrive à 19h au Kings Canyon Resort. On n’a sans doute qu’une trentaine de minutes pour récupérer les clefs de la chambre et foncer dans le canyon. On se demandera jusqu’au bout si ça en vaut la peine, mais d’un autre côté on n’a rien d’autre à faire et on a tout à y gagner.

Coucher de soleil dans le canyon
Coucher de soleil dans le canyon

On reprend la voiture, on se gare au départ des deux sentiers permettant de parcourir Kings Canyon. On cherche celui conseillé par les guides : il monte vers la gauche semble-t-il. On croise des gens qui reviennent. On finit par trouver le sentier : effectivement il monte très sec (et il fait 40°C) et on est obligés de grimper très vite car le soleil, s’il apparaît, ne restera pas longtemps au-dessus de l’horizon avant de se coucher. À peu près à mi-chemin de l’ascension, l’improbable se produit : le soleil passe sous l’épaisse couche de nuages à l’horizon Ouest et vient illuminer le haut du canyon d’une douce lumière rose-orange. On a bien fait de tenter la montée : la chance sourit aux audacieux. Je laisse Sylvain continuer à monter car j’ai peur que ça ne dure pas assez longtemps. Je prend quelques photos, mais j’essaye surtout de profiter du spectacle. Finalement, le tout aura duré peut-être cinq minutes. J’ai rejoint Sylvain quelques mètres plus haut. Nous sommes seuls au milieu du canyon. On vient d’assister à un coucher de soleil magnifique, où le rouge des roches contrastait à merveille avec le gris des nuages. On profite d’être seuls pour crier à pleins poumons notre chance. Il nous faut déjà retourner à la voiture, car la nuit tombe tout aussi vite et nous n’avons pas de quoi nous éclairer pendant que l’on redescend au parking. Le grondement des orages s’accompagne maintenant de gigantesques éclairs. On arrête la voiture pour essayer d’en capturer quelques-uns, mais le succès ne sera cette fois pas au rendez-vous.

Les orages encore illuminés

Nous retournons à la chambre, un dortoir de 4 lits que nous avons pour nous seuls, pour y déposer les affaires, puis on va manger au seul truc ouvert dans le coin. On retrouve un peu d’activité et des francophones plus que bruyants (ils sont Suisses en fait), même si le resort est globalement vide. On mange deux mini-pizzas, une glace et on file nous coucher car demain, on compte faire le lever du soleil…

Kilométrage : 2 607 km. Aujourd’hui, on n’aura croisé que trois voiture sur les 180 derniers kilomètres.

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